Autour du roman 'Ceci n'est pas l'Afrique', une invitation à découvrir le Gabon de façon atypique. Un récit signé Anne-Cécile Makosso-Akendengué, publié en 2010 par l'Harmattan Editions. Et puis la culture des diasporas de façon plus générale.
C'est un spectacle qui bénéficie de la mention culte. Pas assez joué et pourtant qui marque systématiquement le public, de Saumur à Bruxelles. La comédie musicale 'Urgence de Vous, du Gabon à la Russie' se joue des clichés, embarque le spectateur dans de multiples directions inattendues dans voyage musical et poétique total. Veronika Bulycheva et Jann Halexander se donne à fond, animés par une grande générosité et leur expérience incontestable de la scène.
Ce spectacle fut donné pour la première fois le 16 mai 2019 au Nez Rouge, une salle qui n'existe plus. Il fêteront l'anniversaire de ce spectacle le 16 mai prochain au fameux théâtre du Gouvernail, Paris 19 avant de chanter à Roanne le 19 mai, Lyon le 20, Troyes le 9 juin.
Jann
Halexander (Aurélien Makosso-Akendengué, de son vrai
nom), est un franco-gabonais qui
compte près d’une vingtaine d’années de carrière pour
quasiment le même nombre en termes d’albums et de projets
musicaux, parmi lesquels l’album Consolatio
sorti en août 2021.
Un
album qui interpelle dès son titre d’autant plus que le
« consolatio » est
un genre littéraire argumentatif qui a pour objet de consoler des
affligés frappés par un malheur, le plus souvent la mort d'un être
cheret que nous
savonsJann Halexander
adepte de la chanson à texte.
On
est amené à se poser une multitude de questions comme celle de
savoir si cet album ne tombait pas à point nommé, compte tenu de
l’urgence sanitaire que traverse ou traversait le monde au moment
de sa sortie.
Si
idée de consolation il y a, on pourrait envisager que Jann
Halexander invite ou incite fortement toute personne écoutant
l’album à profiter de cette conjoncture pour un exercice
particulier : se poser, réfléchir et plonger au fond de
soi-même. Une invitation dans laquelle il semble se fixer lui-même
des garde-fous, afin d’éviter de tomber dans les pièges d’une
certaine forme de démagogie ou dans un côté barbant, en essayant
de nous proposer de belles musiques. Parce que la musique est d’abord
son moyen d’expression premier.
Consolatio
ce sont souvent quelques notes de piano qui débutent une chanson.
Ensuite vient la voix de Jann Halexander. On pourrait penser à une
forme de monotonie qui s’installerait et qui nous sommerait de
rester « par
habitude » car
« il doit bien y
avoir » quelque
chose à découvrir.
« Il
y a quelque chose de bien monotone qui défie les saisons, de
l'hiver à l'automne va donc savoir à quoi notre amour
s'accroche a-t-on vraiment raison, vieillir seul, non, alors… »
Mais
non, Jann Halexander n’est pas de ces poètes qui restent par
habitude et qui écrivent uniquement pour eux.
« Je
crois qu'au lieu d'être là
Je
devrais t'écrire un poème
Peut-être
je perds mon temps
Mais
je décide de ma perte
Et
qui saura, un jour peut-être
Te
sera venue l'envie de me chercher... »
Au
fil des chansons on passe par une palette de sentiments, d’émotions
et de situations que peuvent vivre des millions de personnes à
travers le monde et même à travers l’espace et le temps. Chacun
des thèmes devenant parfois le prolongement ou venant remettre en
cause un ou plusieurs autres avec l’idée qu’il peut toujours y
avoir pire et peut-être mieux.
« Pour
tenir il faut l’amour ». Et lorsque l’amour ne suffit plus,
l’habitude vient prendre le relai.
« Reste
par habitude on a passé tant de caps, faut que ça dure, alors
reste par habitude jusqu'à ce que le temps gomme nos
incertitudes… »
Mais
« finalement que se passe-t-il quand on est dans une famille
dans laquelle tout le monde se tape dessus ? ».
« Ce grand
salaud va rendre l'âme
C'est pas trop
tôt, nous dit sa femme
Il l'a trompée
sans état d'âme
Pour lui, elle a
perdu la flamme
Elle le regarde,
tout soupirant
Elle attend le
précieux moment
Avec une
bouteille de crémant
Moi j'ai apporté
des croissants… »
Que
se passe-t-il « pour la personne seule attendant l’amour tant
espéré ou avec lequel il y a un malentendu ? ».
« Je
t'écris de l'Île de Pâques Seul dans ma nudité Je cherche
des réponses à des questions fort bien étranges Tu
rigolerais Tu te moquerais Voilà pourquoi nous ne sommes plus
ensemble... »
Comment
tient-on le coup si « on n’a pas la foi » ?
« J'ai pas
la foi, mais je vais bien
Où que tu sois,
mais ça fait rien
J'ai pas la foi,
mais je vais bien
C'est ce qu'on
dit quand rien ne va… »
Et
si on n’a pas la foi est-ce-que « je vais bien ? »,
est-ce que « ça pourrait être pire… »
« Crois-moi
ça pourrait être pire
tu
serais en train de fuir
des
bombes sur ton village
et
des violeurs aguerris
Allons
donc prends du pastis
quoi,
elle est pas belle la vie ?...»
23 avril 2022, Le Portail, Villejuif
Affiche de la tournée CONSOLATIO, 2022
Dans
Consolatio, on trouve d’emblée cette démarche visant à aider les
gens à supporter certaines situations et en même temps de s’aider
soi-même à les supporter. Jann Halexander entame donc un dialogue
avec l’autre et l’autre semble compter dans un monde où on peut
tour à tour passer par la solitude, la douleur, la perte d’un être
cher, la rupture amoureuse, l’exil. Dans un monde aux multiples
affres, blessures, injustices, joies. Un monde aux multiples autres
existences en parallèles. Ces existences pourraient-elles être les
nôtres ?
« Quelques
soient nos époques
non rien ne meurt
jamais
Quelques soient
nos époques
non rien ne meurt
jamais
comme l'amour
qu'on se voue
comme l'amour
qu'on s'avoue
comme rien ne
change jamais
on le regrette
toujours
C'est
ainsi que le clament
Des
millions d'Hadrien
juste
avant leur départs
vers
des mondes incertains... »
Une
chose est certaine, loin d’une autobiographie, Jann Halexander
commence cet album en s’interrogeant lui-même sur sa condition
dans ce monde et nous interroge dans le même temps. Une
interrogation métaphysique sur ses existences précédentes, voire
des origines de l’humanité « Qui étais-je avant…d’être
celui de maintenant » et de « que restera-t-il dans
l’obscurité du néant ? ».
« Qui
étais-je avant ? L'eau le sable, le vent Qui étais-je avant
d'être celui de maintenant
Qui
étais-je avant ? Dans l'espace et le temps Que restera-t-il
dans l'éternité du néant… »
Sur
ce que nous avions été même avant de naître. Finalement, nous
sommes ici incarnés mais qu’avons-nous été avant ?
« J'étais
une femme, j'étais un noir Ou peut-être bien un juif
errant J'étais poisson ou bien un chat Ou une poussière
d'étoile filante… »
Et
si cette interrogation s’applique à la palette des sentiments,
émotions et situations qui traversent l’album Consolatio,
on retiendra ce qui restera pour Jann Halexander :
« Qui
étais-je avant ? Dans l'espace et le temps Que restera-t-il
dans l'éternité du néant